20 septembre 2021
Cette nuit, j’ai rêvé à une procession de personnes noires vêtues d’habits amples dorés et corails. Iels avançaient sereinement dans une rivière sablonneuse, entourée de grands arbres feuillus et de conifères. Le petit groupe se déplaçait en file droite, marchant vers un horizon montagneux et ensoleillé, allant de plus en plus profondément dans la rivière. Après les avoir observé pendant un moment, je suis allée à leur rencontre et l’une des membres de l’assemblée s’est retournée pour me saluer. Subjuguée par leur beauté, je lui ai demandé s’iels étaient les enfants de la déesse Oshun, Orisha des eaux douces, appartenant à la spiritualité Yoruba. Elle a acquiescé, puis après un court silence, iel m’a dit : ton âme est ici depuis longtemps.
L’apparition de ces enfants d’Oshun a motivé ce billet après un moment d’absence. Ce rêve était comme un rappel de l’ancrage spirituel inhérent à l’eau et sa mémoire intemporelle. Point d’origine de tous les êtres vivants, l’eau est riche en métaphores et expériences sensorielles. Afin d’explorer le flux des connexions divines et terrestres issues de notre hydrosphère, j’ai voulu pour ce billet partager quelques poèmes de Christine Sioui Wawanoloath, artiste et auteure Abénakise-Wandat. La plume de Christine chevauche l’espace-temps, et permet aux lecteur.trice.s un voyage interdimensionnel. Au sein de ses poèmes, le passé et le présent sont joints métaphysiquement et spirituellement. L’âme des eaux se révèle au fil de ses textes lyriques, captivant notre imaginaire et soulignant l’indéniable connexion ancestrale que l’on entretient avec la matière.
Christine a généreusement accepté mon invitation de contribuer au catalogue d’exposition et a proposé des textes tirés du recueil imagé Dans l’œil du lièvre et des écrits non publiés.
En voici quelques extraits.
Corail rouge
venu d’une mer
lointaine
et chaude
animal
ancien
rupestre
suspendu
dans le temps
comme un cœur
Prophète
Naguère un ruisseau
Aujourd’hui une rivière
Bientôt la mer
Transportons-nous
Ces pétroglyphes
aux formes serpentueuses
évoqueraient-ils des cours d’eau
vus du ciel ?
La pluie mêlée aux plantes
et à la tourbe
Se répand en parfum boisé