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« Pour ceux qui entrent dans les mêmes fleuves affluent d’autres et d’autres eaux. »
Héraclite

Nul besoin d’avoir étudié la philosophie pour comprendre le sentiment d’Héraclite. L’impermanence des expériences vécues est universelle; la vie évolue constamment et notre devenir est un processus sans fin. Le parcours de l’enseignement supérieur, dans son état de flux, en fait continuellement et clairement la preuve. Chaque diplômé·e de l’exposition de cette année est une personne différente de celle qui a posé le pied dans cette université il y a quelques années.

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À la curiosité nerveuse des débuts s’ajoutait pour nous l’incertitude quant à la manière de s’intégrer dans cette nouvelle institution et d’échanger avec les autres. Certain·es étaient en quête de changements assortis d’attentes, tandis que d’autres accueillaient volontiers les expériences et les idées nouvelles rencontrées en chemin. Pour les étudiant·es en beaux-arts, il y a la difficulté supplémentaire de créer des œuvres d’art en public, un geste qui peut être à la fois intimidant et révélateur. Mais nous savions d’emblée que nous allions évoluer, et nous étions prêt·es à relever les défis stimulants devant nous.

Tout au long de ce voyage d’étude de l’art, nous en avons appris davantage sur nous-mêmes et sur notre façon d’interagir avec le monde. L’art exprime des idées, des points de vue et des émotions : acte de communication, exploration des objectifs et des significations, il est aussi, et surtout, une expression de ce que cela signifie que d’être humain. Passant outre les insécurités et l’autocritique, nous avons amoureusement incrusté nos processus artistiques de morceaux de nous-mêmes. L’université étant un lieu de passage, la permanence n’a jamais fait partie de nos plans. Nous avons acquis de nouvelles compétences à la fois techniques et critiques et constaté, à notre grande surprise, qu’elles nous permettaient d’articuler plus efficacement nos idées et nos émotions : un nouveau vocabulaire pour entrer en lien avec les autres. Nous nous inspirions mutuellement par la diversité de nos points de vue et nous avons appris ensemble de nos erreurs comme de nos réussites. Les rencontres que nous avons faites nous ont changé nous-mêmes et nos parcours.

Une telle expérience transformatrice oblige à repousser ses limites, à réfléchir à qui l’on est et à ce que l’on souhaite devenir. C’est une affaire compliquée que d’être diplômé·e en beaux-arts, car il ne s’agit là que d’une première étape d’un parcours complexe vers la légitimité – le droit d’être considéré·e comme artiste sur le plan professionnel –, parcours miné de surcroît par une utilisation immodérée du titre d’artiste dans la culture populaire. Nous apprenons à faire face à la réalité d’un monde où les contingences particulières des professions artistiques sont mal comprises et sous-estimées. L’appréciation de l’art par la société évolue continuellement et la création artistique peut être un outil d’expression de soi d’une puissance inouïe, mais elle peut également s’avérer remarquablement frustrante lorsqu’on échoue à matérialiser ses idées.

En tant que commissaire de cette exposition, j’ai eu le privilège de bénéficier de la confiance de chaque étudiant·e participant·e et de me familiariser avec ses processus : son approche par rapport au travail artistique, sa capacité à résoudre les problèmes et ses inspirations. Ç’a été une expérience merveilleuse que de les voir se révéler, de les comprendre plus intimement et d’envisager ensemble la réalité après le diplôme. Je suis honorée d’être la voix organisatrice d’un tel éventail de talents. Ces personnalités diverses et multidimensionnelles proviennent d’un peu partout et sont différent·es à bien des égards : génération, niveau de revenu, genre, orientation sexuelle et politique, mais aucune d’entre elles n’a échappé à l’inéluctable évolution personnelle.

Chaque participant·e exprime à sa manière son individualité dans ses œuvres, en fait le reflet de ses expériences de vie et de ses préoccupations. L’art de Gabrielle Gagné, sorte de catharsis, explore un événement traumatisant et interroge les attentes de la société, tandis que celui de Camille Hétu, immergé dans la nature, réfléchit discrètement quoiqu’intensément à ses transformations personnelles. Les œuvres d’Annika Morin explorent les multiples facettes que nous montrons aux autres, en dialogue avec nos complexités intérieures. Les peintures de Christian Jimenez, quant à elles, traitent de souvenirs d’enfance traumatisants et de questions sociales complexes. Alexis Nova Hazan Jepsen et Marie Constance Hountondji examinent leur héritage culturel en explorant la couleur comme outil d’expression des émotions, mais à des fins différentes : Alexis médite sur l’identité de genre, tandis que Marie Constance aborde sa nostalgie pour le Mali, son pays d’origine. Marie-Pierre Ranger s’interroge sur notre lien avec ce qui nous entoure en étudiant la beauté au moyen de matériaux recyclés et de fibres naturelles, et Bashar Shammas s’intéresse aux effets de l’architecture sur la condition humaine.

Bien que disparates, les œuvres témoignent toutes du processus de devenir des personnes qui les ont créées. Il faut du courage pour choisir cette voie et exposer son art, représentation extérieure de l’intérieur. L’obtention du diplôme ne marque pas la fin de la transition, mais celle d’un chapitre d’une histoire plus vaste. Ces artistes en herbe doivent maintenant tâcher d’intégrer l’identité complexe d’un·e artiste et d’accepter ce que cela signifie, à leurs propres yeux et à ceux de la société. Cette expérience d’exposition restera inscrite dans le temps, mais jamais iels ne remettront le pied dans les mêmes eaux.

Juliana Frassetto, commissaire étudiante

GABRIELLE GAGNÉ

Gabrielle Gagné a reçu le Fonds d’opportunité Haystack pour 2021-2022 et terminera bientôt son diplôme en Beaux-Arts avec mention.

Passionné.e par l’installation de l’art de la fibre, la fabrication de papier et la reliure de livres, ses œuvres sont inspirées par le témoignage du passage humain dans l’environnement, la maison et la relation à l’espace, ainsi que la mémoire des traumatismes.

Gabrielle aspire à devenir un.e artist.e professionnel.le et enseigner au niveau universitaire. La vie est longue et iel espère ouvrir un centre d’artistes qui offre des ateliers.

Démarche artistique

Gabrielle Gagné crée des installations en papier en utilisant des fibres récupérées et des objets trouvés pour créer un récit poétique qui explore la relation émotionnelle entre les gens et leur environnement social.

Gagné s’inspire de son expérience personnelle en tant que lesbienne refoulée élevée dans le catholicisme. Son travail porte sur l’hétérosexualité obligatoire, le genre et les traumatismes physiques qui peuvent résulter du fait de se supprimer pour se conformer aux normes sociétales. Le désir de plaire à la société et à la famille peut devenir plus important que le besoin d’un corps fonctionnel. La complaisance et la dissociation sont des mécanismes d’adaptation, des moyens que notre corps et notre esprit ont trouvés pour nous protéger. Cependant, lorsqu’ils deviennent la manière d’être par défaut, ils génèrent un démembrement de la personne.

Gagné ramasse des branches de saule pleureur pour tisser des cages et utilise du papier fait à la main, à partir de fibres trouvées localement, pour coudre des sculptures molles qui rappellent la chair abîmée. Iel utilise des matériaux organiques pour créer un autoportrait fragmenté, en dialogue avec des objets catholiques trouvés dans la région.

Gabrielle Gagné est influencé.e par des artistes qui n’ont pas eu peur de briser les tabous, comme Ana Mendieta et Louise Bourgeois. Son travail confronte le spectateur à la fragilité de la condition humaine. De même, Gagné ouvre une conversation délicate et offre au spectateur l’occasion d’envisager des choix de vie.

ALEXIS NOVA HAZAN JEPSEN

Née et élevée à Mexico, Alexis Nova est en dernière année d’études en Beaux-Arts.

Alexis trouve son inspiration dans les couleurs vibrantes, les paysages surréalistes, la découverte de la beauté dans le banal et le liminal. Son médium préféré est la peinture, en particulier l’acrylique sur toile, en mettant l’accent sur le coup de pinceau, la texture, le mouvement et le mélange sur la toile.

Conteuse naturelle, iel rêve de devenir auteure et peintre.

Démarche artistique

Alexis Nova Hazan Jepsen explore le lien entre le monde physique et le domaine de l’émotion à travers des couleurs vibrantes et des coups de pinceau audacieux, racontant une histoire émotionnelle sur ce que cela signifie d’incarner un espace de transition entre le genre, la sexualité et la géographie.

Originaire de Mexico, Hazan Jepsen a grandi entouré.e de fresques murales vibrantes et d’une profonde appréciation des arts. Iel s’est découvert.e une passion pour la peinture au cours de ses études à l’Université Bishop’s, où iel s’est spécialisé.e dans les beaux-arts avec une concentration en studio et une mineure en écriture créative. Iel utilise son amour de la narration pour approfondir les questions d’identité au sein du corps, des sociétés et des géographies qu’iel occupe. Hazan Jepsen travaille principalement avec de la peinture acrylique sur toile pour créer des compositions audacieuses et colorées qui sont le résultat d’une introspection intime de soi. Son travail explore le liminal, les espaces situés entre les constructions sociétales de genre et les frontières des pays. À travers la peinture, iel explore l’impact émotionnel de l’existence dans l’entre-deux: homme et femme, Canada et Mexique, métaphysique et corporel.

Hazan Jepsen joue avec les textures de la peinture comme moyen d’exprimer des émotions profondes et changeantes. Les couleurs de ses compositions correspondent rarement aux sujets littéralement peints, mais sont plutôt utilisées pour traduire le sujet physique et objectif en une image métaphysique et sensorielle. Iel utilise le processus de peinture comme un moyen de se recontextualiser dans la transition: en prennant l’expérience étrange de la transition et en la rendant ludique avec les couleurs vibrantes de son pays d’origine et le mouvement expressif de son pinceau.

CAMILLE HÉTU (alias ÉMUE)

Originaire de Saint-Hyacinthe, au Québec, Camille Hétu s’inspire principalement de la nature. Elle est influencée par les petits objets de son environnement et aime créer des œuvres qui explorent les émotions humaines et notre capacité à être émus par les choses, à être étonnés et à nous émerveiller.

En dernière année d’études en Beaux-Arts avec mention en art d’atelier, elle affectionne particulièrement les livres d’artistes, et aime broder, dessiner aux crayons de couleur et peindre à l’aquarelle.

Réceptive à ce que la vie lui offre, Camille est à un stade où elle apprécie l’inconnu de ce qui l’attend. Elle aime se laisser surprendre par l’endroit où elle se retrouve et par ce qui l’appelle dans l’instant.

Démarche artistique

Le travail de Camille Hétu (alias Émue) explore l’importance de ralentir et de remarquer les merveilleux détails qui nous entourent. Il remet en question la valeur de la vitesse et fait ressortir le sens que l’on peut trouver dans la contemplation et l’attention.

Il y a près de quatre ans, Émue a décidé de travailler un été à Baie-St-Paul, dans Charlevoix. Tous les jours, devant le fleuve Saint-Laurent, l’inspiration l’envahit. La création artistique est devenue une partie intégrante de cette saison. À travers son art, Émue tente de saisir l’importance de la nature qui l’entoure, du plus petit détail à la grandeur du fleuve Saint-Laurent. Depuis, son attachement à ce fleuve ne cesse de se traduire dans sa pratique artistique.

En réalisant minutieusement des livres d’artiste, Émue a l’impression de pouvoir s’exprimer de la façon la plus sincère qui soit. Les détails de ses livres représentent le sens inattendu qu’on peut y trouver. Les couleurs douces de ses aquarelles évoquent le calme de la contemplation du fleuve Saint-Laurent. Le soin qu’elle apporte aux détails est tangible dans ses minuscules broderies.

Lorsqu’Émue rencontre une flore délicate, elle l’aborde avec une attention singulière. Elle la tient dans ses mains, l’observe et s’assoit avec elle. Lorsque nous rencontrons ses œuvres, Émue veut que nous ressentions la même chose qu’elle lorsqu’elle remarque un segment subtil de la nature. Son travail nous appelle à la contemplation, à l’attention et à l’écoute.

MARIE CONSTANCE HOUNTONDJI (alias SIRA)

Née et élevée au Mali (Afrique de l’Ouest), Marie Constance a obtenu la bourse Rozinsky et termine ses études en Beaux-Arts.

Ses peintures et sculptures sont inspirées par les tissus, les couleurs, le Surréalisme et l’Expressionnisme. Dans sa pratique, elle est attirée par les thèmes de l’évolution du monde, du surnaturel et de la diversité des croyances ethniques.

Après son diplôme, elle envisage de travailler comme directrice artistique.

Démarche artistique

Marie Constance Hountondji (alias Sira) est Malienne d’origine béninoise. Elle complète une double majeure en administration des arts et en arts visuels à l’Université Bishop’s. Elle approfondit sa pratique en explorant différents médiums pour trouver un point de rencontre, à l’image du pagne.

Le textile, la peinture et la sculpture sont ses techniques de prédilection. Sira choisit ces approches pour rendre hommage au pagne (N’fini), un morceau d’étoffe en matière végétale fait à partir du coton filé et tissé par les femmes. Il est utilisé pour couvrir le corps (Soutoura). En plus de servir d’habillement, le pagne est un moyen de communication dans la plupart des pays de l’Afrique de l’Ouest, par les motifs qu’il comprend.

Les souvenirs d’enfance de Sira sont empreints des différentes utilisations symboliques et culturelles du N’fini. Le cycle de la vie des femmes est marqué par le pagne de la naissance à la mort.

L’art de Sira est influencé par la beauté de ces textiles et par les messages traditionnels ancestraux qu’ils véhiculent au sein de la société. Par son association avec d’autres médiums tels que la peinture et la sculpture, Sira cherche à valoriser son sens, commémorer l’héritage traditionnel du pagne et souligner sa pertinence contemporaine.

Ainsi le pagne ici fait office de toile, sur laquelle des compositions thématiques traditionnelles culturelles et spirituelles se côtoient. Le pagne, si central dans la vie de Sira, si précieux, devient par cette pratique le réceptacle de sa réinvention, dessinant ainsi ce qui représente les prémices de son expression artistique.

CHRISTIAN JIMENEZ

Étant dans sa dernière année d’étude au baccalauréat en Beaux-Arts, Christian Jimenez est né en Colombie, où il a vécu jusqu’à l’âge de 11 ans. Il a ensuite déménagé aux États-Unis et réside aujourd’hui au Canada.

Ses œuvres d’art traitent de l’actualité, de la musique, de l’histoire et du sport. Ses moyens d’expression préférés sont le dessin, la peinture et le tatouage.

Christian aspire à gagner sa vie en vendant des peintures et des dessins, et en travaillant comme tatoueur.

Démarche artistique

Depuis le début de sa pratique artistique, Christian Jimenez crée des œuvres pour questionner ce que nous sommes en train de devenir en tant qu’êtres humains. Influencé par l’expérience de son enfance en Colombie, il apporte son propre point de vue sur les événements mondiaux actuels qui ont un impact significatif sur les gens. Les questions sociétales telles que la criminalité, la pauvreté, la guerre, l’immigration et la mauvaise gestion gouvernementale sont des thèmes récurrents.

C’est à l’université Bishop’s qu’il s’est initié à la peinture, qui est rapidement devenue son médium de prédilection, au même titre que le dessin. Le fait de suivre des cours en atelier l’a aidé à mieux exprimer ses idées en apprenant les compositions et les techniques, ce qui lui a permis de créer des œuvres plus intéressantes. À l’aide de peintures acryliques, il crée des contrastes de couleurs et des effets d’ombre sur la toile. En découvrant de nouveaux artistes pendant les cours d’histoire de l’art, les œuvres de Diego Rivera et de Fernando Botero ont encouragé Christian Jimenez à s’attaquer à des sujets difficiles.

Le processus de Christian Jimenez consiste à utiliser plusieurs toiles comme des chapitres visuels qui, une fois interconnectés, racontent une histoire. En abordant des questions universelles, il espère que le spectateur s’identifiera aux histoires représentées.

 

ANNIKA MORIN

Originaire d’Austin au Québec, Annika Morin complète son diplôme en Administration des Arts et Beaux-Arts avec une concentration en studio.

Inspirée par la nature, le corps et les couleurs vives, Annika s’exprime par le graphisme et découvre de nouvelles façons de le pimenter. Ses médiums préférés sont la peinture acrylique et le dessin au crayon graphite ou au fusain.

Une fois diplômée, elle espère travailler dans un musée d’art en tant que conservatrice ou directrice artistique.

Démarche artistique

Les œuvres d’art d’Annika Morin sont empreintes de fantaisie, avec une touche de nostalgie dans la complexité de ses thèmes. Ses compositions picturales donnent une impression de symétrie stable et explorent les thèmes de la réflexion et du dualisme, capturant les différentes facettes de soi-même. Elles présentent également des palettes de couleurs harmonieuses, créant des contrastes qui attirent l’œil sur les éléments de la toile.

Ses œuvres mettent en scène un monde manichéen où les opposés se font face, comme le cygne blanc et le cygne noir, ou le démon et la petite fille. L’œuvre de Morin explore indéniablement les aspects conflictuels que nous montrons aux gens et nos complexités intérieures, en utilisant les distinctions entre la lumière et l’obscurité à son avantage.

Le fantastique et les polarités sont deux concepts qui ont attiré l’artiste dès son plus jeune âge, lorsque les livres fantastiques constituaient sa principale source d’évasion. L’idée de quelque chose qui dépasse la réalité a toujours été bien plus séduisante que la vie quotidienne, et encore plus lorsqu’il y a une opposition claire entre le bien et le mal. Il était intriguant de voir dans les livres comment la question de la droiture était jugée, et de quel côté les personnages et les choses tombaient selon les critères de la vertu. Ce sont les différentes caractéristiques visuelles de la peinture, du fusain et de la gravure qui l’interpellent le plus lorsqu’elle réfléchit aux moyens de dépeindre une vision du monde aussi polarisée.

MARIE-PIERRE RANGER

Originaire du Québec, Marie-Pierre Ranger a des racines danoises, françaises et amérindiennes. Âgée de 48 ans, elle vit à Magog avec ses trois adolescents et est sur le point d’obtenir son diplôme en Beaux-Arts.

Marie-Pierre est touchée par la beauté, l’environnement et l’impermanence des matériaux, surtout la fibre. Ouverte à de nouvelles découvertes et à voir où le processus la mènera, elle est passionnée par le moulage et la sculpture de la fibre.

Elle rêve de devenir sculptrice et de créer des espaces de pratique pour les artistes. Elle remet en question le statu quo et considère qu’une carrière dans les arts peut être aussi importante qu’une carrière dans les affaires.

Démarche artistique

Le travail de Marie-Pierre Ranger est une recherche sur la beauté à partir de matériaux recyclés et de fibres végétales naturelles. Elle sculpte d’une manière qui remet en question l’idéal classique de la beauté. En choisissant de mouler Vénus Esquiline, une déesse romaine incarnant l’amour et la sexualité, le processus de Ranger suscite une réflexion plus profonde sur sa définition personnelle de la beauté et sur la façon dont elle crée des récits intérieurs que les femmes ont à l’égard de leur propre corps.

L’œuvre de Ranger ne se contente pas de réfléchir à l’idéal inaccessible de Vénus, elle aborde aussi le passage du temps et l’évolution de la définition de la beauté. Les plantes qu’elle cueille dans l’environnement local et les matériaux mis au rebut, comme le denim, sont transformés en pâte à papier, en papier et en fibres. Le denim recyclé, avec son histoire de résilience et de force, devient une métaphore de la force durable des femmes face aux défis imposés par les attentes de la société. Chaque vêtement usé et réutilisé porte l’empreinte de récits passés, symbolisant les expériences vécues qui façonnent nos identités. La juxtaposition de plantes locales et de ce matériau modeste avec en toile de fond une déesse romaine idéalisée sert de critique aux normes de beauté contemporaines imposées aux femmes.

Ranger expose le pouvoir de transformation que représente le fait d’embrasser son authenticité, de s’élever au-dessus des normes sociétales et de se réapproprier son corps avec toutes les imperfections qui accompagnent la maturation. Comme notre peau, ces matériaux inscrivent la réalité organique d’être une femme.

Laissez-nous nous dégrader; laissez les femmes être moulées dans des fibres et des pâtes, et non dans du marbre et de la pierre. Il y a des jours où l’on se réjouit de célébrer la féminité, et d’autres où il est plus difficile de rester positif. Être éphémère, c’est bien, être fragile aussi. Être stable et éternellement jeune ne devrait pas être une condition de la beauté contemporaine.

BASHAR SHAMMAS (REFUGEE)

Peintre passionné, Bashar Shammas a quitté la Syrie à la recherche de meilleures opportunités au Canada, où il termine actuellement ses études en Beaux-Arts.

Bashar est toujours ouvert à l’expérimentation de tous les médiums et techniques, tout en réfléchissant à la condition humaine et en s’inspirant de l’architecture contemporaine et de toutes sortes d’esquisses et de dessins.

Après avoir obtenu son diplôme, il envisage une carrière de peintre professionnel.

Démarche artistique

“I ride solo like a fighter jet” Action Bronson

Réfugié et peintre d’après-guerre, Bashar Shammas est profondément enraciné dans les traditions syriennes de la figuration. Il a grandi entre la culture vibrante et raffinée d’Alep et l’impact de l’imagerie puissante de la guerre. Ces souvenirs ont façonné sa pratique de la peinture et sa vision de l’art en tant que création et destruction.

Parce que les mots ne suffisent pas à expliquer sa propre perception de la beauté, la peinture, le dessin et la sculpture sont devenus ses principaux moyens de communication et d’expression. Ses idées les plus approfondies proviennent de ces médiums. Il s’appuie sur des contraintes, utilisant peu de gestes, un schéma de lignes et une palette limitée, tout en traitant un niveau de subjectivité. Shammas se sent libre avec ces contraintes.

Bashar Shammas joue avec l’interaction entre la figuration et l’abstraction. Son imagerie est basée sur des lieux non familiers et non raffinés ainsi que sur des lieux du subconscient, toujours ouverts à l’interprétation. Il cherche à faire apparaître ses œuvres comme des lieux réels en se basant sur sa propre perspective de ce que pourrait être un lieu réel. Il conserve l’authenticité des origines de ses images et de ses figures, même si l’espace est inventé à partir d’impressions et de coups de pinceau.

Nous tenons à exprimer nos remerciements les plus sincères à l’Association étudiante de l’Université Bishop’s (BUSRC), à la doyenne des affaires étudiantes Dr Stine Linden-Andersen, à la doyenne de la Faculté des humanités Dr Jean Manore, au vice-recteur académique Dr Andrew Webster, au directeur du Département des beaux-arts par intérim Dr Darren Millington, ainsi qu’à l’Association des ancien·ne·s élèves de l’Université Bishop’s pour leur généreuse contribution financière. Nous sommes également très reconnaissant·e·s à la responsable des communications Sonia Patenaude et l’agente des médias sociaux Justine Trempe pour l’aide considérable qu’elles nous ont apporté lors de notre campagne de financement.

Nous souhaitons également souligner l’étroite collaboration entre la Galerie d’art Foreman et le Département des beaux-arts dans la coordination de ce projet. Un très grand merci tout particulièrement à la technicienne du Département des beaux-arts Brenna Filion pour son soutien et pour le dévouement dont elle a fait preuve tout au long de l’organisation de cette exposition.

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