819-822-9600, ext. 2260 gallery@ubishops.ca

NOUVEAUX PUBLICS

Faire semblant pour de vrai (titre de travail)

24 avril – 4 juillet 2026

Artistes

La Famille Plouffe (Guillaume Boudrias-Plouffe, Émilie Levert, Emeline, Léo et Zéphir Plouffe)

 

Commissaires

Gentiane Bélanger & Camila Vásquez

Survol

Faire semblant pour de vrai (titre de travail) explore les coulisses de l’art public à travers une installation immersive mêlant maquettes, modélisations, archives fictives et performances scénarisées. L’exposition donne à voir – et à vivre – les rouages d’un système aussi normé que mystérieux : celui des présentations de maquettes devant jury dans le cadre des concours d’art public au Québec.

Depuis près de dix ans, La Famille Plouffe conçoit des œuvres publiques intégrées à des lieux et des communautés partout au Québec. Pourtant, pour chaque œuvre réalisée, plusieurs propositions, souvent ambitieuses et intimement liées à leur contexte, demeurent invisibles. Cette exposition agit comme une archéologie vivante de ces projets non retenus : ils sont reconstitués, remixés, exagérés — comme s’il s’agissait de leur offrir une autre forme d’existence, fût-ce sous les projecteurs d’un « théâtre d’ombres ».

Dans une ambiance de docufiction performative et de vernacularium augmenté, l’exposition se structure comme une maquette agrandie d’une présentation de maquette, avec tous les éléments rituels du genre : modélisations 3D projetées, échantillons de matériaux, documents imprimés (préambule, inspirations, devis d’entretien, échéancier, etc.), maquettes physiques, extraits sonores d’entrevues et personnages témoins imprimés en 3D.

La proposition prend pour point d’ancrage un projet spéculatif : celui d’une œuvre d’art public imaginée pour l’extérieur même de la Galerie d’art Foreman, mais transposée à l’intérieur sans compromis d’échelle, débordant les murs et les conventions. L’œuvre, fictive ou non, s’inspire de Rita Tinker, arrière-grand-mère des enfants de La Famille Plouffe et membre d’un club de raquetteurs à Sherbrooke. Elle entre en dialogue avec le film Les Raquetteurs (Brault et Groulx), précurseur du cinéma direct tourné dans cette même ville. Une fausse commande pour une vraie galerie ; une vraie proposition pour une œuvre qui n’existe peut-être pas encore. Une mise en abyme où l’on ne sait plus ce qui est joué ou sincère, fictif ou documentaire.

En somme, Faire semblant pour de vrai est une métalepse sculpturale : une proposition artistique qui fait du processus son sujet, et du faire-semblant une forme sincère d’engagement. Le public est invité à explorer un univers où le vrai et le faux se confondent, où la maquette devient œuvre, et où chaque détail, même le plus absurde, participe à une mise en scène généreusement surjouée de l’art comme projet collectif.

Artistes

Au sein de La Famille Plouffe, nous avons entrepris un parcours créatif collaboratif depuis l’arrivée de chaque membre dans la vie des autres. Nous embrassons délibérément cette identité partagée pour reconnaître et honorer la contribution de chacun·e, remettant ainsi en question le mythe du génie artistique solitaire. C’est lors d’un séjour familial en 2016 aux Maisons Daura, résidences internationales d’artistes, à Saint-Cirq-Lapopie en France, que nous avons choisi d’officialiser ce changement.

Depuis, nous avons participé, entre autres, au 35e Symposium international d’art contemporain de Baie-Saint-Paul (2017), à la 2e Triennale Banlieue ! à la Maison des Arts de Laval (2018), à la 9e Biennale nationale de sculpture contemporaine au Musée POP à Trois-Rivières (2020), à l’événement-résidence SEULS et ENSEMBLE, créer du lien aux Îles-de-la-Madeleine avec Ad Mare (2021), à Racontages au Centre d’art Jacques-et-Michel Auger à Victoriaville (2021), à l’événement Orange à Saint-Hyacinthe (2025) et une résidence de création pour Faire terroir : Géorécit avec Vrille art actuel à La Pocatière (2025). Nous avons également présenté des expositions « solos » avec Action Art Actuel à Saint-Jean-sur-Richelieu (2017), Vaste et Vague à Carleton-sur-Mer (2018), Langage Plus à Alma (2019) et la Maison de la culture Marie-Uguay (2022). Ensuite, une série d’expositions en étroite collaboration avec l’Atelier le Fil d’Ariane dans le réseau des Maisons de la Culture de Montréal : Rosemont-La Petite-Patrie (2022), L’entrepôt [Lachine] (2022) et Mercier (2023).

Depuis 2015, nous avons eu le privilège d’être invités à plus de cinquante concours d’art public dans le cadre de Politiques d’art public municipales ou provinciales. Un peu plus de vingt œuvres d’art public, permanentes ou temporaires, ont vu le jour grâce à ces concours, des invitations, des initiatives personnelles et des appels à candidatures. Nous préparons actuellement l’installation de plusieurs autres œuvres d’art public permanentes et plusieurs présentations de maquettes. Notre parcours créatif en art public nous a menés dans une variété de contextes : des écoles primaires, spécialisées et secondaires aux habitations pour aînés et alternatives, en passant par des bibliothèques publiques, des parcs, une piste cyclable, des hôpitaux, des arénas, un centre de congrès, des musées, un centre d’exposition, des garderies et plus encore.

Par notre prise de position philosophique, nous proposons que tout ce qui a été auparavant réalisé au nom de Guillaume Boudrias-Plouffe a, en réalité, été réalisé par La Famille Plouffe. De cette même façon, Guillaume a par le passé représenté la famille lors de projets au Québec et ailleurs au Canada, en France, en Côte d’Ivoire et en Italie. Il en va de même pour tous les prix, bourses et subventions reçus à l’époque en son propre nom, par exemple : le prix relève de Culture Montérégie, le prix Joseph-S.-Stauffer du Conseil des arts du Canada, de même que des bourses du Conseil des arts de Longueuil, du Conseil des arts et des lettres du Québec et du Conseil des arts du Canada. Encore en 2022, la famille a reçu le Prix Artiste de l’année en Montérégie du CALQ, bien que pour des raisons administratives ce soit Guillaume qui ait déposé la candidature. C’est également Guillaume de La Famille Plouffe qui est membre du conseil d’administration du 3e impérial, centre d’essai en art actuel (président) et qui a fait partie de celui du Regroupement des centres d’artistes autogérés du Québec.

Commissaires

Détentrice d’un doctorat en histoire de l’art de l’UQÀM (2020), Gentiane Bélanger occupe le poste de directrice-conservatrice de la Galerie d’art Foreman de l’Université Bishop’s, à Sherbrooke, depuis juin 2015. Ses intérêts de recherche se situent au confluent de l’art contemporain, de l’écologie et des philosophies matérialistes. Sa thèse doctorale aborde plus précisément l’importance de la culture matérielle dans l’actualisation du discours écologique en art contemporain. Elle siège au conseil d’administration du centre en art actuel Sporobole, et elle contribue régulièrement à diverses revues spécialisées, notamment C Magazine, esse, Espace, ETC et Plastik art & science (Paris I Panthéon-Sorbonne).

Camila Vásquez est une artiste interdisciplinaire d’origine chilienne. Elle vit et travaille à la campagne, au Québec, en Estrie, sur des terres ancestrales de la Nation W8banaki, le Ndakina. Elle œuvre dans le milieu des arts depuis 2005 en tant qu’artiste, enseignante, commissaire, médiatrice et travailleuse culturelle. Sa pratique artistique s’incarne à même la vie quotidienne et se développe dans des projets de longue haleine qui remettent en cause les frontières séparant l’art des autres sphères de la vie, tout comme les conceptions dominantes de l’espace social et de la connaissance. Son travail a été présenté dans divers centres d’art, galeries et événements en Argentine, au Chili, en Espagne et au Québec, ainsi que de manière autonome ou furtive. Actuellement, elle est coordonnatrice du Laboratoire communautaire d’art de la galerie d’art Foreman de l’Université Bishop’s. Parmi ses influences on retrouve la pensée et la pédagogie de David Tomas, l’approche du performatif comme mode de vie de Sylvie Tourangeau, l’art infiltrant ancré dans le réel du 3e impérial et les artistes qui y gravitent autour, ainsi que les courants artistiques des avant-gardes qui s’intéressent aux liens entre l’art et la vie.