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Florencia Sosa Rey –

Réfléxions de l’artiste

« Mais toutes ont en commun de pouvoir, une fois par semaine, vivre avec leurs pairs en espagnol,
dans une sphère sociale hors du cadre familial,
en recevant à distance un héritage de leurs racines culturelles.» –
Camila Vásquez

Décember 2024

Durant mon premier séjour de résidence, j’habite au cœur du petit centre-ville de Sherbrooke. Entre flâneries attentives et courses personnelles, je tente de créer un lien avec l’environnement urbain pour m’y ancrer. À l’épicerie multiculturelle, je m’attarde à différents aliments que je n’ai jamais vus, et une idée me traverse l’esprit: comment peut-on comparer l’apprentissage d’une danse folklorique d’un pays “étranger” à l’importation de produits? Le désir d’acquérir un bien spécifique relève-t-il d’un sentiment profond de nostalgie? Qu’est-ce qui est à l’origine du désir d’incarner un souvenir, une habitude, de consommer, à l’extérieur de l’immersion au sein dans une culture, d’une communauté? La nostalgie du goût, des formes, du mouvement, du rythme, d’une texture dans l’espace, d’une vision qui fait écho à la réalité lointaine; elle est une source qui m’est encore à déceler pour développer une pensée critique et profonde.

Je me demande ainsi ce qui a guidé l’élan des enfants pour participer à ces cours de danse. Quel était l’enjeu derrière leur curiosité ?  Certains sont peut-être des enfants de la première génération, qui ont immigré avec leur famille à un jeune âge. D’autres sont de la deuxième génération, nés et élevés localement, reflétant en partie la culture de leurs parents. D’autres encore sont de la troisième génération, plus éloignés de la source, devenant plus hybrides, plongeant dans leurs racines tant qu’ils le peuvent, seulement si le désir est présent. Tous sont encouragés par une sorte de nostalgie créative, accompagné de fierté pour leur héritage, je crois- je me trompe peut-être. Quelle est la part de conscience et d’agentivité à un si jeune âge ?