COURANTS SOCIAUX
Faux plis par hypothèses
18 octobre – 14 décembre 2024
Artistes
Anna Binta Diallo, Sophie Jodoin, Eruoma Awashish & Mélanie Myers
Aussi: Geneviève Chevalier, Club de prospection figurée, Caroline Fillion, Maryse Goudreau, Richard Ibghy & Marilou Lemmens, Emmanuelle Léonard, Kosisochukwu Nnebe, Anahita Norouzi et Leila Zelli
Commissaires
Louise Déry & Marie-Hélène Leblanc
Survol
Dès le 18 octobre, la Galerie d’art Foreman de l’Université Bishop’s (Sherbrooke) présentera Faux plis par hypothèses, une exposition collective sous le commissariat de Louise Déry, directrice de la Galerie de l’UQAM, et Marie-Hélène Leblanc, directrice de la Galerie UQO. Le projet, soutenu par le scientifique en chef du Québec, met en lumière le rôle singulier de la galerie universitaire et engage une réflexion sur la relation entre art et science. Les treize corpus artistiques sélectionnés par les commissaires sont déployés dans cinq espaces d’exposition et de recherche au Québec : la Galerie UQO, la Galerie de l’UQAM, la Galerie l’Œuvre de l’Autre, les Jardins de Métis et la Galerie d’art Foreman. Dans le cadre de Faux plis par hypothèses, la Galerie d’art Foreman de l’Université Bishop’s (Sherbrooke) présente les œuvres d’Eruoma Awashish, Anna Binta Diallo, Sophie Jodoin et Mélanie Myers ainsi qu’un dispositif exposant des interventions de l’ensemble des artistes participant au projet.
L’exposition
Faux plis par hypothèses reflète les aspirations des deux commissaires : témoigner de l’engagement de la galerie universitaire dans les problématiques cruciales liées aux questions de langues et d’identités, de terrestres et de territoires, et de structures et d’institutions, lesquelles sont souvent partagées par plusieurs secteurs de la recherche. La galerie universitaire est précisément ce lieu où, au croisement des savoirsartistiques et scientifiques, des initiatives audacieuses et porteuses font éclater les idées reçues, en plus de faire émerger de nouvelles formes et postures de recherche issues des enjeux artistiques les plus actuels. La Galerie de l’UQAM et la Galerie UQO participent activement à ce décloisonnement disciplinaire en exposant des œuvres et en invitant des artistes qui inventent des raccords féconds avec des contenus scientifiques. Le cadre conceptuel du projet s’appuie sur la notion de faux plis, ici considérés comme des biais parfois imposés, parfois acquis, parfois transmis. Ces faux plis, immanquablement présents dans le contexte universitaire, s’infiltrent dans la recherche et la création. Comment les identifier, les défaire, les transformer? La démarche de Faux plis par hypothèses appelle également la reconnaissance des expertises des chercheur·euse·s artistes ou scientifiques, soumises à des fragilités nombreuses, notamment en ce qui concerne la hiérarchisation des savoirs et la liberté intellectuelle. Des expertises qui font face, de surcroît, à une amplitude bureaucratique avérée dont témoigne la majorité des collaborateur·trice·s du projet. Les commissaires expliquent: « En même temps que se multiplient les alliances fructueuses, les maillages intersectoriels, et les pollinisations nouvelles entre les multiples champs de la recherche, des faux plis se faufilent et parfois s’incrustent, obligeant à une forme de louvoiement et à une possible résistance quand il s’agit de confronter une conception de moins en moins lisse de la science et de l’art. Car, si dans les plis se dérobe ce qu’il y aurait à entrevoir, dans les faux plis se révèlent des torsions, des manipulations, des écarts qui tendent à inquiéter et malmener le réel. De froissures en plissures et de reflux en replis, il en émane un désir de veille, un état d’alerte, une inclination à y regarder de plus près, une obligation à garder l’œil ouvert. »
Artistes
Anna Binta Diallo est une artiste originaire de Dakar qui a grandi à Saint-Boniface, au Manitoba. À travers la peinture, la vidéo, le dessin et le collage, elle aborde la question identitaire comme un terrain mouvant, toujours à sonder. Les biais qui se glissent dans notre rapport à soi et à « l’Autre », et les héritages culturels contradictoires l’interpellent et nourrissent ses réflexions. Elle vit à Winnipeg.
Sophie Jodoin est portée par un intérêt grandissant pour les articulations du langage dans son rapport à l’image. Elle interroge les manifestations du féminin, de l’intime, de la perte et de l’absence dans leur relation au corps : comment l’évoquer, l’incarner, le figurer, l’écrire en tant qu’espace vécu, habité, éprouvé ? Ces considérations, intimes mais aussi collectives, animent son œuvre hybride et installative où se mêlent dessin, collage, écriture, photographie, objets trouvés, livres et vidéo. Elle vit à Montréal.
Eruoma Awashish est une artiste et commissaire atikamekw issue de la communauté d’Opitciwan, en Haute-Mauricie. Depuis quelques années, ses recherches portent avant tout sur l’hybridation des cultures autochtones qui ont su s’adapter malgré la colonisation et les tentatives d’assimilation. Par sa pratique, elle cherche à renverser les rapports de domination en détournant des symboles religieux catholiques, les mêlant à ceux hérités des spiritualités autochtones. Elle vit à Saint-Prime et travaille à Mashteuiatsh.
Mélanie Myers est artiste et chargée de cours à l’Université du Québec en Outaouais. Sa pratique élargit les possibilités plastiques et interprétatives du dessin pour mettre en scène nos rapports médiatisés au paysage et à l’environnement bâti. En s’appuyant sur les clichés quotidiens et les répertoires inépuisables d’images sur le Web, ses œuvres explorent autant la vision périphérique du réel ordinaire que les angles morts du land art. Elle vit à Gatineau.
Commissaires
Muséologue, commissaire, autrice et directrice de la Galerie de l’UQAM, Louise Déry détient un doctorat en Histoire de l’art de l’Université Laval (1991). Au sein d’une centaine d’expositions et autant de publications, elle a notamment développé les concepts d’« exposition chantier », d’« image manquante » et d’« œuvre s’exposant ». Elle s’est illustrée par son appui aux femmes artistes et aux artistes de la relève ainsi que par son énergie à diffuser les artistes du Québec et du Canada sur la scène internationale. Gaspésienne, elle vit à Montréal.
Détentrice d’un doctorat en Études et pratiques des arts de l’UQAM (2024), Marie-Hélène Leblanc est directrice et commissaire de la Galerie UQO à l’Université du Québec en Outaouais depuis 2015. Sa pratique commissariale l’a amenée à produire plus d’une trentaine de projets présentés dans diverses structures d’exposition au Québec, au Canada et en Europe. Considérant l’exposition comme médium, elle se définit comme commissaire-faiseuse d’expositions-autrice-praticienne-chercheuse. Gaspésienne, elle vit à Gatineau.